• Mosquée Al Fath _ rue Polonceau-  Paris 18ème (juin 2005)


    Au petit matin, je pars à pied prendre le métro, et vois défiler une dernière fois les immeubles blafards de la rive gauche.

    Je descends à la station Barbès-Rochechouart. Au-dessus de moi, le métro aérien fait un vacarme répété de ferrailles déglinguées. D'un pas rapide, je rejoins le quartier de la Goutte d'Or. Là commence un deuxième monde, et je ressens un léger malaise face aux codes mal appris de cette autre planète.

    Il est tôt et les rues sont quasi-vides, les dealers ne sont pas encore sur leur lieu de travail … le "business" reprendra plus tard. Seul un grand Black encapuchonné, à l'air pressé, sort d'un petit immeuble de la rue de la Charbonnière, au cœur de Barbès.

    Au coin de la rue, un salon de coiffure annonce toutes sortes de miracles pour la chevelure, les ongles et promet l'éternelle jeunesse… Juste à côté, c'est un minuscule "take away" africain. Le restaurant sent encore fort la banane grillée et un calicot annonce qu'il a changé de propriétaire.

    Plus loin, c'est un autre restaurant miniature, puis un bazar où les mousses à raser côtoient d'énormes sacs de riz. Enfin, j'atteins la rue Polonceau et la porte verte et blanche de la mosquée Al Fath. Tout près de là, Ivoiriennes, Sénégalaises ou Guinéennes se partagent les échoppes, et les hommes peuls ou malinkés palabrent sur le trottoir.

    Rue de Jessaint, adossé à un immeuble de 8 étages, un portail conduit au fond d'une cour, à un véritable capharnaüm où les immigrants en provenance de toute l'Afrique sub-saharienne viennent chercher un soutien administratif, des cartes téléphoniques, faire des transferts d'argent ou trouver des conseils pour obtenir la nationalité française.

    C'est là que Soufiane, à la fois sage, patriarche et marabout, reçoit ses congénères dans son bureau miteux, plein de bibelots africains, d'effigies d'Alpha Blondy et de Barack Obama. Aux beaux jours, le marabout officie sur la terrasse de l'immeuble qui surplombe, vers le nord, l'horizon jusqu'à Saint Denis. Il dit que cette situation élevée permet une meilleure communication avec les esprits, et justifie à ses yeux le tarif majoré qu'il demande alors à ses clients …

    Notre course pourrait continuer encore longtemps dans ce Paris africain où à chaque coin de rue, l'on peut vivre petites et grandes aventures … un peu comme dans un autre Paris-Dakar !

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "La Goutte d'or, Babel parisienne".

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Apartheid résidentiel".

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Origines contrôlées …"

    >>  L'Institut des Cultures de l'Islam va bientôt prendre la place de la mosquée Al Fath.

     

     


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  • Cité de la Chapelle Paris 18ème_ juin 1997

    A Paris ce n'est pas encore, comme certains le croient, la revanche de l'Est populaire sur les bourgeois de l'Ouest. L'Est aussi s'embourgeoise et le populaire y meurt …  car désormais, à l'Est, le "bobo" est roi.

    Dans ces quartiers de partout cernés par les portes à digicodes, les vidéo-interphones, les façades murées, les ateliers reconvertis en lofts, … difficile de trouver l'ouverture, de dénicher les bonnes adresses: celles des bistrots authentiques et des vrais artisans.

    Voici donc un circuit balisé pour échapper au pire, flâner au mieux et respirer le vrai Paris.

     

    Votre circuit fera un quart de cercle partant du 18ème pour arriver tout près de la place de la Nation, dans le 20ème arrondissement.

    Départ donc devant la Gare du Nord, direction plein nord par la rue Marx Dormoy, ignorez  les innombrables bouibouis turcs, et arrêtez-vous plutôt "Au Bon vivant", un bar de quartier sans prétention mais fort agréable.
    Sur le côté gauche de la rue, n'hésitez pas à aller jeter un coup d'œil au passage Ruelle, un îlot de calme avec le théâtre de la Reine Blanche et l'Atelier de Tapisserie, où l'on travaille encore à l'ancienne. Le passage butte sur les voies ferrées Nord mais ce n'est pas une impasse car par la Cité de la Chapelle, vous allez retrouver la rue Marx Dormoy.

    Continuez alors à nouveau en direction du nord, par la rue de la Chapelle, toujours sur le côté gauche vous allez avoir plusieurs impasses à explorer : l'impasse du Curé qui a conservé quelques ateliers sur son côté pair alors que le côté opposé a été entièrement rénové; puis le hameau de La Chapelle où il vous faudra passer l'épreuve du digicode pour accéder à ce havre de tranquillité, enfin allez jeter un œil à l'ensoleillée impasse de la Chapelle.

    Votre cheminement vers le 19ème arrondissement se fera par la paisible rue de Bourcy où un arrêt s'impose au bar "Cap 21". Son imposante patronne n'a besoin de personne pour éloigner les importuns. Vous déboucherez ensuite place Hébert où Robert Doisneau a souvent rôdé. Et, par la rue de l'Evangile, vous allez rejoindre la place de Torcy et son marché qui évoque encore celui d'une sous-préfecture de province, même s'il est désormais de toutes parts cerné par les commerces asiatiques.

    Par la minuscule rue de l'Olive, vous rejoignez la rue Riquet où vous pouvez faire une halte à la petite pâtisserie-confiserie du n°92. Cela vous donnera la force d'attaquer l'interminable pont qui enjambe les voies ferrées/Est.
    Vous accédez alors au 19ème arrondissement.

    A suivre …

     

     

    >> Cité de la Chapelle: La belle au bois Dormoy …

    >> Les filles de Marx Dormoy.

    >> Sur les pas de Robert Doisneau ...

     

     


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  • La villa Poissonnière - Paris 18ème (1997)


    A la sortie du métro Barbès-Rochechouart, c'est d'abord sa ligne aérienne qui interpelle, fortement présente, elle survole le tracé de l'une des anciennes enceintes de Paris, celle dite "des Fermiers-Généraux".

    Mais Barbès est aussi ce carrefour qui vous immerge immanquablement dans une foule bigarrée, et vous entraine dans un véritable maelström.

    Et Barbès c'est enfin un espace indistinct, une zone transfrontalière du nord de Paris. Décidément, Barbès n'est pas un quartier facile à cerner.


    Tout près pourtant, il y a un véritable quartier, bien identifié lui, centré sur une butte: la Goutte d'Or...
    L'aspect pentu des artères rappelle l'ancienne butte viticole, réputée pour son vin blanc aux reflets dorés: le fameux "goutte d'or ".

    La Goutte d'Or a toujours eu une vocation multiculturelle, a toujours été un lieu d'immigration, une Babel parisienne : d'abord provinciale, puis européenne et finalement aujourd'hui, ce sont les africains qui en constituent le contingent le plus important. Le quartier est désormais colonisé par de petits commerces exotiques et partout règnent les effluves de kebab.

    Un peu plus haut, Montmartre, avec ses touristes et ses familles aisées, est pourtant tout proche et pourrait, vu d'ici, représenter une métaphore de l'ascension sociale !

    Sur le versant nord, la butte de la Goutte d'Or s'échappe en pente douce vers une frontière ferroviaire constituée d'entrepôts et de voies de triage de la Gare du Nord. Les usines de locomotives et autres industries semi-lourdes ont disparu depuis longtemps. Transformé en un Paris africain, il ne reste plus de traces de ce Paris ancien.

    Sauf que tout à coup, surgie de nulle part, vous arrivez à la villa Poissonnière, une étroite artère qui relie les rues Polonceau et de la Goutte d'Or. Elle semble être ici comme le dernier témoin des temps jadis.
    C'est comme à la campagne …  mais Lidl est de l'autre côté de la rue!

     

    >> Voir aussi: "Balade à La Goutte d'or" par Cityzeum.

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Etrange banalité ..."

     

     

     


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  • Chez Ammad.

    18 rue  Véron Paris 18ème (Mai 2008)


    Aujourd'hui les bistrots se meurent et, triste réalité, sont remplacés par des banques.
    Mais dans le nord de Paris, certains troquets font encore de la résistance, et c'est tant mieux !
    "Chez Ammad", est l'un de ceux-là et reste un "rade" parigot pur jus …

    Contigu au Grand Hôtel de Clermont, dont vous ne devez pas craindre le nom pompeux, tant l'établissement est modeste, au bout de la rue Véron, n'hésitez donc pas à pousser la porte d'Ammad.

    Vous pénétrez alors dans un lieu unique à Paris: un bistrot authentique qui nous vient de la fin du 19eme siècle. Un bistrot où Marcel Cerdan et Edith Piaf avaient leurs habitudes …Et le grand Bernard Dimey pensait peut-être à ce "rade" quand il écrivait:

    " Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire,
    On peut toujours aller gueuler dans un bistrot."

    Aujourd'hui, Chez Ammad est un bar où les bobos côtoient les classes modestes et moyennes, et où le touriste aventurier racontera, lorsqu'il sera de retour dans son pays: "qu'il est allé dans un vrai café typiquement français" …

    Allez faire un tour là-bas en soirée, à l'heure où les curieux viennent se mélanger aux piliers de comptoir, vous trouverez alors une ambiance qui vous comblera, vous ne serez pas déçu !



    >> Chez Ammad (page Facebook non-officielle)

    >> Bernard Dimay, c'est qui… ?

     

     


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  • Rue Tholozé Paris 18ème


    Sans doute fascinés par le moulin de la Galette qui, en sa partie haute, ferme la rue Tholozé, Utrillo et après lui beaucoup d'autres peintres n'ont cessé de croquer la perspective montante de la rue.

    Tous ont délaissé la perspective inverse, celle de la rue descendante.
    C'est pourtant cette dernière qui sied le mieux à l'œil du photographe, car alors les plans successifs s'étalent devant son objectif,  jusqu'à libérer le champ sur un Paris lointain…  d'où émerge le dôme doré des Invalides.

    En cette fin d'après-midi ensoleillée, et selon cette perspective, elle a bien fière allure la rue Tholozé …



    >> Peinte par Utrillo, il y a 100 ans.

    >> Rue Tholozé, en contre-plongée.

     

     

     


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